GOODLUCK
Pour que triomphe la vie
ANNIVERSAIRE  :  20/03/1970
ARRIVE(E) AU REFUGE  LE :  18/03/2006
DECEDE(E) LE 18/06/2010

Anéantis par le décès  inopiné de Grispoils notre shire, nous avons décidé le jour-même de nous rendre aux abattoirs pour y enlever un malheureux condamné... C’est pour nous le plus efficace moyen d’atténuer quelque peu notre peine...  En donnant du bonheur à un être, notre tristesse s’amoindrit   parce que l’amour  refleurit et quelque part c’est  un peu comme si notre «Poil» nous demande de le remplacer pour donner du bonheur à un autre infortuné. 
Je ne vais pas  ici redécrire toutes les horreurs de mépris, déconsidérations, gestes cruels et hargneux  que l’on peut observer sur ce marché où la vie d’un cheval ne représente rien de plus qu’un énorme paquet de viande....
La révolte cogne à chaque fois  dans mon coeur en voyant ces maquignons glacials  banaliser et se réjouir déjà de la mort des chevaux dont ils tireront des profits hautement rémunérateurs...

Au fond de notre coeur, nous espérions trouver un autre shire mais il ne fallait pas rêver  ces chevaux sont rares en Belgique
Et précisément nous avons choisi une toute vieille jument (un véritable ancêtre) qui n’a plus de dents, fort efflanquée, elle ressemble plus à une mule fort avancée dans l’âge, toute remoulue qu’à un cheval.  Elle est bien entendu très gentille.  Quelle différence entre Grispoils qui était superbe et cette attendrissante jument.
Mais la beauté de sauver un être plus malheureux en complète perdition est plus fort que de vouloir retrouver simplement  un être qui ressemble à celui qu’on a tant aimé et qui est parti...  On a baptisé cette jument Goodluck.  Nos yeux se sont également portés en ce lieu d’enfer sur une jument frison, également fort âgée.. Dans son attitude, comme dans son regard, nous percevions le frémissement d’une grande sensibilité ainsi que  d’une intelligence aux aguets et derrière cette peur, il y avait sans conteste la conscience exacerbée de la fin de tout...
Comme Goodluck malgré son grand âge , ce pauvre cheval avait encore des ferrures aux pieds.... preuve qu’elle fût également  exploitée jusqu’au dernier moment...
Nous ne pouvions  que vouloir repousser à jamais cette noire destinée et  avons rachetée cette pauvre jument. Ainsi elle ne connaîtra pas la trajectoire terrible et ultime qui lui était réservée et nous pourrons lui donner tant d’amour qu’elle oubliera ce mauvais moment de son existence...
Dans la précipitation, nous nous étions rendus sans van et avons dès-lors demandé à un marchand de prendre les chevaux.  Chez lui, nous avons observé  un grand nombre de poneys qui allaient être rassemblés la semaine suivante pour les bouchers...
Incapables de fermer les yeux et de ne pas songer à leurs fins tragiques , nous aurions voulu de toutes nos forces empêcher leur départ  pour l’abattoir à tous... mais hélas nous ne pourrons jamais empêcher tous les meurtres commis sur  les chevaux car l’univers de la boucherie est un monde  de fauves où seul  l’argent compte , argent qui enterre les consciences de ces individus aux tabliers de sang...
Parmi ce lot de poneys condamnés, nous n’avons néanmoins pu nous empêcher de prendre l’être le plus fragilisé, celui-ci pour lequel , rien qu’à la simple vue,  on se rendait compte qu’il avait plus enduré ... Il s’agissait d’un petit shetland dont l’état de négligence traduisait  tout le calvaire.   Si  certes, les hommes allaient brisé la vie de ce troupeau de poneys, notre devoir était d’en sauver au moins un.
Nous sommes donc revenu avec  trois équidés .  GoodLuck, la jument  ancêtre,  Mankala , la jument frison et Accon le poney shetland.

Nous allons rendre la vie à ces êtres perdus, abandonnés par la société.
Au domaine, nous panserons leurs milles blessures 
Espérons que nous pourrons leur offrir de nombreuses années qui les irradieront de bonheur .