100 CHEVAUX SUR L'HERBE : Bien plus qu'un Refuge soignant près de 150 équidés 

MISERY
POUR QUE VIVE MISERY VICTIME DE FAMINE EXTREME

ANNIVERSAIRE  :   30/10/1984
ARRIVE(E) AU REFUGE  LE :  3/10/2004
PUR SANG HONGRE  
DECEDE(E) LE 12/07/2010

Devant nous se dressait un cheval extrêmement maigre se soumettant à la rigueur de son sort.
Flottant entre la résignation et le désespoir, ce malheureux était détenu par un pourvoyeur de chevaux de boucherie toujours sourd à la détresse de ses prisonniers.
L’oeil éteint, décomposé, hagard , ce cheval squelette encore vivant allait être envoyé dans les jours qui suivent pour la charcuterie.   Pour ce malheureux aucune trêve de misères et de souffrances !

Dégoûtés nous ne pouvions rester sans rien faire et permettre qu’on s’acharne à négliger, à nuire, et à tourmenter encore cet être épuisé qui s’éteint.
Après une habituelle et interminable discussion sur le prix, nous avons racheté « MISERY » (nom que nous lui avons donné) pour 250 euros.

Au refuge, notre médecin vétérinaire prodigua immédiatement des soins empressés à ce malchanceux.  « Cachexie, maigreur extrême due incontestablement à de la malnutrition affirma notre vétérinaire avec un ton de révolte bien légitime.   
Le lendemain hélas, nous avons trouvé Misery étendu dans son boxe.

Vidé de son énergie, fatigué, il ne parvenait plus et avait résolument abandonné sa volonté pour se relever.
Toute notre équipe se mobilisa pour l’aider… mais en vain.
Misery avait complètement renoncé… il se croyait perdu.
Notre vétérinaire dut lui mettre une perfusion afin de revigorer cette victime au bout du rouleau.

Fin d’après-midi, ne démordant pas pour le relever (un cheval ne peut pas demeurer trop longtemps couché car risque de myopathie mortelle pour lui) nous utilisâmes le chargeur de notre tracteur avec de solides sangles et lorsque Misery fut levé de terre c’était affligeant de voir son pauvre corps si amaigri flotté en l’air et sa tête retombant inexorablement dans le vide.

Les forces de ce cheval s’étaient affaiblies par le peu de nourriture et la mauvaise qualité et aussi et peut-être encore par la peine que cet infortuné avait dû supporter suite aux marques réitérées d’inhumanité et de désinvolture criminelle.
Marc, Lorie, Murielle, Serge et notre vétérinaire Fabrice ne désarmèrent pas et pendant plus d’une heure persévèrent afin que ce cheval puisse absolument se camper sur ses pattes.
Au milieu de ce corps immobile résidait un coeur plein de douceur aux battements réguliers.
Après tant de minutes écoulées qui nous parurent interminables, on vit Misery bouger la tête et en un coup sec ses muscles sautaient et ce brave cheval se tenait avec difficultés sur ses 4 pieds.
H O U R R A  ! ! !   Assurément notre protégé avait besoin de sentir que dans la vie il comptait encore pour certains…. C’est si bon de se savoir considérer et aimer..

Le lendemain hélas nous avons connu la même situation… mais grâce à notre acharnement et notre besoin de sortir Misery de son malheur, nous l’avons relevé.   Depuis lors notre pensionnaire va beaucoup mieux.

Perceptiblement il ressent un grand bien être et il nous sait gré de ne pas avoir renoncé.

Quand un animal comprend un jour que si des humains ont été durs et injustes pour lui, il y en a d’autres qui sont là pour les aider et les faire vivre: une force immense , j’en suis sûr le gagne.
Même si il restera toujours une blessure , elle s’apaisera par les rayons d’amour de ceux qui les aiment vraiment.
Notre récompense nous l’avons chaque jour lorsque Misery vient frotter délicatement sa tête à nous.   C’est sa façon à lui de nous dire : Merci et pour nous , croyez-nous : c’est le plus bel encouragement à nos efforts !